Châteaulin - mardi 3 janvier 2017
Connu comme le loup blanc sur les bords de l'Aulne, Jos Le Nouy est président de l'Amicale laïque châteaulinoise, depuis près de 20 ans. Homme de gauche, il s'est longtemps investi au Parti socialiste dont il s'est détaché. Chef de file de l'opposition au début des années 80, on le retrouve dix ans plus tard au ministère avec Kofi Yamgnane.
Le petit Joseph a eu le bon goût de naître à Châteaulin. Joseph Le Nouy, pour l'état civil, mais Jos ou Zef, pour les autres, est né en 1939 dans la maison familiale. « Elle se trouvait à l'emplacement de la bibliothèque », se souvient-il. Ses trois frères y ont aussi vu le jour. Mais pas sa soeur. « Mes parents étaient originaires de Briec et Edern. Chez eux, ils étaient dix et douze enfants. Ne voulant pas rester à la ferme, mon père est venu ici pour travailler dans les travaux publics ». Un père sympathisant communiste qui a dû bourrer le biberon de Joseph avec plein de valeurs de gauche. « Mes plus beaux souvenirs de jeunesse sont ceux des colonies de vacances, comme colon puis moniteur, avec les ?uvres de vacances de la ville ».
Une carrière dans les PTT
Mais un jour, le boulot l'a appelé, comme il dit. « J'ai débarqué à Paris, à l'école des Télécoms, le 6 juin 1958 ». Un débarquement le 6 juin, ça ne s'oublie pas. Commence alors une longue carrière dans les PTT : Strasbourg, Paris, Nantes, Crozon et retour à Châteaulin, en 1974. « J'étais basé rue Fénigan et j'intervenais sur les centraux téléphoniques ».
Dès son arrivée à Châteaulin, Jos s'est investi dans le Parti socialiste. Ami d'Hervé Mao, maire Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) de la ville de 1945 à 1971, les deux hommes ont en commun une carrière au PTT et une fibre laïque qui les a conduits à être délégué départemental de l'Éducation nationale. Jos continue ainsi à visiter les écoles, depuis plus de 30 ans. « C'est Hervé Mao qui a commencé à m'appeler Jos ». Jos qui devient le secrétaire du PS pendant une dizaine d'années.
Avec Kofi à Paris
En 1982, il est candidat déçu aux cantonales. L'année suivant, on le retrouve tête de liste aux municipales, face à Hervé Tinévez qui l'emporte. Rebelote en 1989 où il est, cette fois, sur la liste de Yolande Boyer. Mais lorsque celle-ci accède à la mairie, en 1995, il a décidé de ne pas se représenter. De 1991 à 1993, le socialiste monte à Paris, aux côtés de Kofi Yamgnane, alors secrétaire d'État à l'Intégration. « Je m'occupais des affaires bretonnes », précise-t-il. « Depuis cinq ans, je ne suis plus au Parti socialiste. Les dirigeants ne valent guère mieux que ceux de droite. Je me demande même si je vais aller voter, à la rigueur pour Benoît Hamon », concède le « libre penseur ». Depuis le décès de sa femme, en 1998 (ils ont eu deux filles et cinq petits-enfants), Jos se console en sillonnant chaque année tous les continents. Cette année, il part même deux fois : à Londres, grâce au voyage qu'il a gagné lors du salon du livre ; plus la tournée des capitales européennes.
L'ALC contre les Coq
« Mes maîtres mots ont toujours été la solidarité, la laïcité et la citoyenneté ». Il en donne la preuve en entrant, en 1974, au bureau de l'Amicale laïque dont il est devenu le septième président, en 1998. « L'Amicale a été créée en 1933 », rappelle-t-il, en exhibant une lettre de Jean Moulin qui salue chaleureusement cette création. « Il fera même don d'un mois de son salaire de sous-préfet à la jeune association ». Le premier président était Eugène Piriou, l'ingénieur des Ponts et Chaussées ayant donné son nom au stade de foot. Mais celui qui détient le record de longévité (de 1946 à 1970), c'est le Dr Pierre Kerfriden, fondateur de la clinique et du centre de Toul ar C'hoat. « À la grande époque de l'Amicale, dont la vocation était, et est toujours, la défense des écoles laïques, il y avait du ping-pong, du théâtre, du vélo, de l'athlétisme, une chorale et bien sûr du foot ». Les derbys entre l'ALC et les Coquelicots, « l'équipe des curés », tenaient de Don Camillo contre Peppone. En 1987, les deux clubs ont fusionné pour donner naissance au CFC.
La baisse des subventions ne passe pas
Aujourd'hui, il reste de l'Amicale deux sections qui ont un fonctionnement distinct : le hand (230 adhérents) et le patin à roulette (à peine 80). Une section qui ne roule pas si bien que ça. « On manque de dirigeants », reconnaît celui qui, à 77 ans, aimerait bien souffler. Au bureau de l'Amicale, où les cheveux sont de plus en plus gris, on continue néanmoins d'organiser la kermesse des écoles, le loto, la fête des Gras et le gala de patin. « On n'a plus que 200 € de subventions pour ça car la ville nous en a sucré la moitié ». Cela explique qu'en 2015 Jos n'est pas allé chercher la médaille de la ville qui lui était décernée. « On ne va être cocu et payer la chambre quand même ! ». On ne se refait pas.