Châteaulin - jeudi 20 octobre 2016
Châteaulin. Enseignant et conseiller pédagogique, Thierry Goulard essaie de dépasser les conceptions traditionnelles du handball au profit d’une application avant-gardiste.
Portrait
Qui ne connaît pas Thierry Goulard à Châteaulin et particulièrement dans le monde du handball ? L’homme s’est forgé une solide réputation de meneur d’équipes dans un passé tout proche et, au fil des saisons, de technicien pédagogue. Si l’apprentissage du jeu chez les plus jeunes enfants s’est transformé depuis quelques années, c’est aussi grâce à Thierry. Il aime bousculer les habitudes !
L’éleveur de champions
Goul, comme on le surnomme, a été l’entraîneur emblématique du club qu’il a hissé pour la première fois en N3. C’était en 1996. « Une époque fantastique mais épuisante, se souvient-il. J’ai toujours cru dans ces joueurs que j’entraînais trois fois par semaine. Il fallait trouver des réponses de jeu pour progresser à ce niveau. » Ce fut peut-être le déclic de son fort engagement dans le cursus de la formation pour celui que les joueurs d’alors avaient appelé « l’éleveur de champions » !
Depuis, il s’attelle à sa tâche d’organisateur sportif et technique que lui confie chaque année le club, faisant fi des péripéties qui l’ont marqué, comme le refus d’accession en N2. Sans doute parce qu’il a toujours la solution. « Mais je passe des heures sur mon temps libre, quand ce n’est pas sur mon sommeil, à agencer ce monde sportif du hand à Châteaulin.» Il est à l’origine de toutes les évolutions du club, comme l’embauche d’un salarié pour soulager les bénévoles, surtout pour unifier ses démarches techniques.
Aristote à l’appui
Ses préférences vont maintenant vers l’enseignement du handball aux plus jeunes. Il est titulaire d’un diplôme d’entraîneur fédéral « enfant » de niveau 6 (le plus haut degré). « Il faut essayer de trouver des réponses appropriées aux ressources bioénergétiques des joueurs et à la complexité de l’activité, si on veut les motiver et leur donner des moyens de progresser. » Il aime s’occuper de la jeunesse. Les garçons de moins de 11 ans (-11G) ont sa préférence cette saison. « Je ne conçois plus les entraînements classiques avec une gradation d’exercices, assure-t-il. Il n’est pas utile de faire un échauffement physique, des manipulations, des passes, des tirs pour le plaisir d’initier au mieux les jeunes handballeurs. Je préfère qu’ils pratiquent le hand en situation de jeu et je laisse les joueurs tâtonner pour s’approprier les conduites nécessaires. »
Il ne dicte plus les comportements à tenir, les gestes à reproduire. « L’entraîneur ne doit plus être au centre des entraînements, tonne-til. C’est l’enfant qui est l’organisateur de son propre apprentissage. »
Il cite volontiers Aristote parlant des musiciens : « Pour apprendre à jouer de la cithare, il faut jouer de la cithare… Mais pour jouer de la cithare, il faut apprendre à jouer de la cithare. » Pour l’expert en hand qu’il est, c’est le message qu’il essaie de faire passer aux entraîneurs du club : « Apprendre, c’est toujours faire quelque chose de nouveau, souvent à choix multiples, pour avoir une réponse appropriée. »
Patience
Il sait aussi que, pour changer les habitudes d’entraînement, il faut du temps et surtout de la conviction. « L’entraîneur actuel n’est plus celui qui modélise le hand en le figeant pour le faire apprendre, mais celui qui propose des situations ludiques toujours renouvelées et non pas des solutions clé en main. »
Les mentalités des entraîneurs changent petit à petit, mais aussi celles de joueurs, comme le témoignent les brillants résultats de ses équipes de -11 G qu’il chapeaute cette saison.
